Témoignages

Retrouver quelques témoignages pour devenir pasteur.

Christophe : une aventure

Je n’ai jamais entendu de voix ni eu de vision. J’imagine que la vocation pastorale a dû se tisser de mille et une rencontres : des pasteurs, des amis, des parents, des institutions (hé oui !), des professeurs… Des textes aussi. Et sans doute d’autres instances qui ont dû résonner en moi comme un appel.

« J’imagine », « sans doute », elles « ont dû »… On aura compris que de ma propre vocation je n’entrevois que quelques probables modalités et possibles effets. Les autres, qui l’ont reconnue, en « savent » peut-être plus long que moi.

Je n’en sais que ce « certain bonheur » avec lequel j’essaye de m’en acquitter, et la pensée qu’il me serait difficile de m’imaginer consacrer ma vie à autre chose (même si, heureusement, d’autres choses me procurent aussi du bonheur !).

En fait, il m’est difficile de distinguer, pour ce qui me concerne, vocation et conversion. C’est sans doute pour cela que je résiste à certains discours qui réduisent le ministère pastoral à une fonction. Comme si l’on pouvait en changer au gré des projets personnels, des besoins (vrais ou supposés) des Églises, ou des textes législatifs (l’âge de la retraite par exemple). Ni le pasteur ni l’Église ne sont maîtres de la vocation. Mais ils la reconnaissent ensemble : l’un en s’y liant, l’autre en lui donnant un lieu communautaire.

C’est cette alchimie, difficilement descriptible, qui fait du ministère une sorte d’aventure : à la fois appel intime, personnel, du Seigneur à un individu, et appel public, communautaire, de l’Église à elle-même (car l’Église s’y engage, dans la reconnaissance, liturgique et « journalière », du ministère). Un pasteur lié à l’Église, et pourtant libre par rapport à elle car l’Evangile, qui l’appelle et le fonde dans son existence et son service, précède et dépasse l’Église qui le proclame et est créée par lui journellement.

L’aventure, elle consiste à rester à cette place symbolique, en évitant à la fois d’en faire imaginairement un lieu de pouvoir, de droit divin (ça existe encore !), ou, à l’opposé, mais tout aussi imaginairement, une fonction que ne justifierait, aux yeux des hommes et de Dieu, qu’une dose suffisante d’agitation pastorale (ça aussi ça existe). Deux tentations auxquelles, ma foi, les réalités variées du ministère et de la vie aident beaucoup à résister… même si l’on s’y laisse parfois aller en pensée… ou en actes !

Dans ces moments, le mieux est encore de retourner à ce qui fonde l’existence chrétienne comme le ministère pastoral : l’Evangile du salut gratuit en Jésus-Christ. Alors on retrouve sa place, sa paix et son courage !

Christophe Singer
pasteur à Portes-lès-Valence, Centre-Alpes-Rhône

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Samuel : un moment exceptionnel

Il y a, à mes yeux, un moment extraordinaire dans la vie d’un pasteur de paroisse (le seul ministère que je connaisse vraiment). Un moment exceptionnel et qui pourtant se répète régulièrement, à chaque fois unique et impressionnant. Un événement à nul autre pareil qu’il faut apprendre à savourer dans la reconnaissance et l’émerveillement. Apprendre à s’arrêter pour le vivre pleinement, dans la pleine conscience de sa propre petitesse devant ce cadeau immense qui toujours se répète. Toute la semaine pastorale tend vers ce moment…

samuel_amedro_flickrEn effet, toute la semaine, tu as travaillé. Parfois avec bonheur et facilité, parfois avec difficulté et lassitude, mais toujours dans la discrétion (ne pas déverser sa bile et ses états d’âme sur les membres de l’église : nous ne sommes pas au centre et nous le savons.) Toute la semaine donc, tu as travaillé. Et pour cette tâche-là qui t’incombe, ce ministère précis qui t’est confié, cette fonction pour laquelle tu as été formé et qui constitue le cœur du ministère et de la vocation, tu as réservé du temps, parfois plus d’une dizaine d’heures, dans ton agenda surbooké (tant il est vrai que les pasteurs, bien qu’annonçant le salut par grâce pour tout le monde, se croient trop souvent obligés d’être surbookés comme s’ils devaient prouver leurs œuvres !). Du temps mis de côté donc, comme arraché aux sables mouvants des obligations qu’on se crée …
Une dose d’exégèse (comme un concertiste qui fait ses gammes, c’est une astreinte, un exercice indispensable), un zest de lecture (parce qu’il ne faut jamais s’arrêter de lire, de la théologie certes, mais pas seulement: abonnements à des journaux et puis, petit à petit, ouvrir ses centres d’intérêts sur le monde, la culture, les questions essentielles et les questions qui touchent au concret de la vie), un doigt de visites aussi (indispensable nécessité d’écouter ce qui concerne la vie réelle, une manière de prendre au sérieux l’incarnation), une part de prière enfin (dis-moi, Seigneur, ce que tu attends de moi, dis-moi ta Parole. Parle Seigneur, ton serviteur écoute! Une supplique quotidienne, pour ne pas confondre convictions, opinions, impressions et sensations avec Sa volonté, Sa Parole).
Et puis, tu t’es mis derrière ton écran, ton clavier ou ton stylo – peu importe -, et tu as (ac)couché sur le papier, plus ou moins dans la douleur selon tes aptitudes personnelles, plus ou moins à l’avance selon ton inquiétude naturelle ou ta dose de procrastination, mais toujours avec un point fixe à l’esprit : nous avons rendez-vous avec le Seigneur et je ne veux pas le rater.
Voici donc pour moi les ingrédients du cocktail. Un subtil alliage de réflexion et d’écoute, d’intelligence et de cœur, de travail et d’illumination…
Et puis arrive ce moment tant attendu, tant redouté. Nous sommes sans doute un dimanche matin (mais pas forcément). Le trac monte et tu le sens. Tu vas prêcher. Voilà l’essentiel.
Tu vas prendre la Parole que Dieu te confie pour la porter vers ceux qui se sont déplacés pour la recevoir. Ton travail et ta vocation, c’est d’essayer de rendre le Christ présent par sa Parole vivante qui vient toucher notre existence. C’est à ce moment précis que tu ressens l’immensité de la tâche et l’indignité de celui qui la porte.
Pendant que le temple se remplit, peut-être ressentiras-tu le besoin de te mettre à l’écart un moment pour te préparer et implorer l’inspiration du Saint Esprit. Peut-être enfileras-tu une robe pastorale pour bien signifier qu’un Autre va prendre la Parole et qu’il ne faut pas se tromper d’orateur. Peut-être seras-tu envahi de doutes : ai-je assez travaillé ? Ai-je assez prié ? Seigneur, ne me laisse pas tomber maintenant. Alors il faudra te souvenir de l’apôtre Paul : Ma grâce te suffit !
Et puis voilà, au moment où tu montes dans la chaire pour proclamer l’Evangile, tu es envahi par la conviction d’être là à ta place. Parce que c’est le Seigneur lui-même qui l’a voulu et qui t’a appelé, parce que l’Église t’a formé et reconnu dans cette fonction, parce que tu sais qu’il a besoin de toi pour parler, que ce soit pour consoler ou pour bousculer, pour apaiser ou pour réveiller, pour déraciner et faire disparaître, pour bâtir et pour planter. A ce moment-là, tu ne pourras pas faire autrement que de dire : Je suis le serviteur du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta Parole !
Le pasteur? Pour moi, c’est un prédicateur …

Samuel Amédro
pasteur à Casablanca

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Véronique : une vie tournée vers Dieu

Véronique Alexa, une optimiste de la foi

À 26 ans, cette ancienne catholique recevra sa reconnaissance de ministère en juin.

Rien ne prédisposait Véronique Alexa au ministère pastoral. Pourtant, la jeune femme a su très vite quelle était sa voie. Pasteure proposante depuis deux ans au service des paroissiens de la Gardonnenque, près d’Alès, elle recevra, en juin, la reconnaissance de son ministère. Être acceptée comme pasteure au sein de l’Église unie représente, pour elle, une très grande satisfaction : « Cela signifie que je suis digne de la confiance qui m’a été donnée. Je me sens enfin pasteure, même si j’occupais déjà ce rôle. » Cette légitimité, Véronique Alexa l’attendait depuis longtemps. « Pour moi qui n’ai découvert l’Église réformée qu’à l’âge de dix-neuf ans, ce n’était pas gagné mais j’ai tenu bon. »
La commission des ministères soutient l’engagement des étudiants mais peut aussi le remettre en question. « C’est une des rares orientations professionnelles où l’on peut te dire, au terme de bien des années d’études, que tu n’es peut-être pas faite pour ça. »

Loin d’être un aboutissement, elle considère davantage la reconnaissance de ministère comme « un encouragement à continuer et à apprendre encore plus ».

veronique-alexaDécouverte du protestantisme
Issue d’une famille catholique traditionnelle de Haute-Savoie, d’un père enseignant de langues et d’une mère au foyer, Véronique Alexa est la dernière d’une fratrie qui comprend aussi deux frères. Très tôt, les trois enfants suivent une instruction religieuse, si bien que la petite fille « a toujours cru en Dieu ». À l’âge de douze ans, sa rencontre avec un jeune garçon, protestant évangélique, pique au vif son intérêt. « Il avait une manière d’évoquer sa foi en Dieu qui m’a impressionnée à cet âge-là car il en parlait d’une manière à la fois joyeuse et assurée. »
Grâce à la bible qu’il lui offre, la jeune fille d’abord curieuse se passionne pour les textes : « J’ai découvert les psaumes, ces prières et ces mots que j’avais envie de dire à ce moment-là de ma vie et j’ai commencé à les prier. J’ai aussi été très marquée par l’évangile de Jean où l’on trouve beaucoup d’affirmations très fortes de Jésus. Ça devait peut-être correspondre à mon tempérament mais à ce moment-là quelque chose de différent est né en moi Jusque-là, je croyais en Dieu mais je n’avais pas compris que Dieu voulait être proche de moi. »
Quelques années après, l’adolescente retrouve cet ami et fréquente avec lui une église pentecôtiste. Émue par la joie qui règne dans cette communauté et par l’accueil réservé à chacun, Véronique Alexa construit les bases de sa foi. Loin d’être une simple adhésion à des propositions, elle se fonde, selon elle, sur une relation et un enthousiasme pour Dieu.
Théologiquement, pourtant, elle ne s’y retrouve pas. « J’avais besoin de plus de complexité dans le message. » C’est donc seule qu’elle se dirige vers la paroisse réformée de Thonon-les-Bains. Et c’est au sein de cette assemblée, où elle se sent bien, qu’elle songe sérieusement alors à occuper le rôle de pasteur.
Toutefois, la voie ne sera pas directe. Ses parents, conscients de l’intérêt qu’elle manifeste pour la théologie, s’interrogent néanmoins sur l’avenir et l’encouragent à découvrir d’autres disciplines. Dès lors, la bachelière poursuivra son cursus de pianiste au conservatoire et envisagera également d’enseigner le français aux étrangers. Finalement, après une licence de lettres modernes en spécialité français-langues étrangères à Chambéry, la jeune étudiante se réoriente, avec le soutien de ses parents, vers une licence en théologie qu’elle suit in absentia à la faculté de théologie protestante de Strasbourg.
À l’évocation de ce tournant, son visage s’illumine : « Découvrir enfin la théologie, c’était un rêve d’adolescente qui se réalisait. »

Réussir à transmettre
Désormais, impossible d’envisager une autre voie : « Elle s’est imposée à moi. Il y a eu une rencontre et je ne voyais pas comment passer à côté d’une vie qui soit tournée vers Dieu. On peut vivre une vie de chrétien sans être pasteur mais j’avais envie d’un engagement à 100 %. »
Gagnant une année d’études grâce à une équivalence, l’étudiante licenciée poursuit son cursus en master à l’Institut protestant de théologie de Montpellier. Elle y rencontre, pour la première fois, la communauté des étudiants. « La richesse de notre Église, c’est d’accueillir des parcours différents. Certains étudiants sont issus de familles protestantes, d’autres viennent du catholicisme, des Églises évangéliques ou autre… Au niveau de l’âge également, les écarts sont très importants car chacun a pu mûrir son projet de manière singulière. »
La pasteure en devenir effectue ensuite son stage dans les Cévennes Viganaises. Au coeur de cette paroisse, elle apprend progressivement les savoir faire nécessaires. Et c’est non loin de là qu’elle termine actuellement son proposanat. Désormais mariée à un Roumain d’origine évangélique, Véronique Alexa apprécie particulièrement son statut de pasteure : « Je vis avec la communauté, avec les autres et non pas au-dessus. J’ai les mêmes préoccupations qu’eux. » Elle envisage le ministère comme la continuité des liens très forts tissés avec les paroissiens. « J’aurais l’impression de me déraciner si je devais partir », confie-t- elle.
Accompagnée, ces deux dernières années, par une autre pasteure, Christine Mielke-Gourio, Véronique Alexa s’est demandé si le fait d’être une femme modifiait la relation qu’elle entretenait avec la paroisse. « Peut-être dans les liens avec les tout-petits et les adolescents. C’est sûr qu’il y a une proximité mais ce n’est pas seulement parce que je suis une femme. C’est ma jeunesse surtout qui entraîne un rapport particulier avec eux », avance-telle, un peu songeuse. Seule certitude, une fois reconnue pasteure, son objectif restera le même : réussir à transmettre une foi optimiste. « Car pour croire, on a besoin de recevoir des messages enthousiastes qui nous encouragent et des convictions fortes qui nous portent. »

Éva Fichefeux
Correspondance de Montpellier

Article paru dans Réforme, le 4 avril 2013

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Aurélie : tous les jours c’est nouveau

Tous les sentiers de l’Eternel sont miséricordes et fidélités, pour ceux qui gardent son alliance et ses commandements – Psaume 25, verset 10.

aurelie-dumasVoici le verset que j’ai reçu le jour où j’ai confirmé ma foi dans ma paroisse natale alsacienne à Munster, j’avais 14 ans et pas plus de foi que la majorité de nos contemporains. Juste assez de bonne volonté pour continuer à fréquenter mon Eglise et des parents derrière moi pour me pousser un peu quand dans mon adolescence j’avais la flemme d’y aller…
De fil en aiguille, sans vous parler de tous les détails, j’ai compris le message de l’Evangile : « Dieu t’aime depuis toujours et il veut que tu vives, libre de croire en lui ou non ». A cette époque, je trouvais le culte ringard, ennuyeux, sans intérêt, je pouvais prier seule dans ma chambre surtout le dimanche matin sous la couette ! Pas besoin d’y aller !
Jusqu’à l’arrivée d’un jeune pasteur de 45 ans avec qui j’ai partagé ma foi, mes questions, mes réflexions. Il a su rendre le culte un peu moins «gnangnan» même si cela lui a valu de nombreux reproches notamment de la part des paroissiens les plus âgés. Il était vivant, l’Evangile était vivant avec lui !
« Dis-moi, c’est quoi ton métier ? » Sa réponse fut passionnée et passionnante : « Tu ne fais jamais la même chose, tous les jours c’est nouveau ! Pasteur, c’est un métier à la fois intellectuel et relationnel, à la fois au bureau et à la rencontre des personnes de 0 à 99 ans. C’est un métier de vie où tu partages, tu transmets, tu témoignes ! ».
C’est ainsi que je me suis décidée à commencer des études à la faculté de théologie protestante de Strasbourg : mon but, réussir mes études pour pouvoir répondre à cet appel, être pasteur, au service du Seigneur, de son Evangile.
Etant étudiante, j’ai travaillé en été pour participer aux frais universitaires… j’ai notamment fait de l’accueil en camping où en rencontrant les vacanciers, en parlant avec eux de mon futur métier, je me suis rendu compte que les avis étaient partagés. « Mais femme et pasteur ce n’est pas possible, lis donc 1 Corinthiens 14 v 34 « que les femmes se taisent dans les Eglises » et tu verras ! ».
Encore une fois, heureusement que mon pasteur était là pour me permettre d’analyser et de comprendre ce passage. Soulagée, je continuais mes études en rencontrant des amis de l’Eglise réformée de France, en découvrant cette Eglise et c’est là que mon projet est devenu réalité.
Aujourd’hui, après quelques années de ministère en milieu rural, je suis comblée. Mon pasteur ne m’avait pas menti ! Les échanges, le relationnel, l’accompagnement, l’écoute, le partage, tout cela je le vis au quotidien. Un travail, un métier, mais sans doute beaucoup plus : une vocation.
Dans le ministère pastoral, je ne me suis jamais sentie seule, il y a dans les paroisses des personnes engagées et présentes au quotidien, qui participent de tout leur cœur pour faire vivre leur paroisse. Et des collègues alentours pour un conseil, un coup de main, une écoute, un partage.
Les cultes du dimanche matin, j’ai toujours voulu les rendre vivants, moi qui avais gardé des souvenirs moyennement captivants de ceux de mon enfance…
Mais j’ai aussi appris à ne pas tout chambouler, ce n’est pas seulement en gesticulant dans tous les sens sur des cantiques entrainant avec guitare et batterie que le culte vit ! J’ai trouvé qu’un simple sourire, un accueil chaleureux, un moment de réel partage fraternel était sans doute essentiel !
J’ai aussi la chance d’être dans une région qui se réorganise et réfléchit à de nouveaux fonctionnements pour mieux annoncer l’Evangile. Ici, les 9 paroisses apprennent à vivre ensemble. Sur notre secteur, nous avons un culte commun par mois, c’est un culte famille, un culte de fête. Là, toute la jeunesse dès 3 ans (et moins) se retrouve avec parents et grands-parents, paroissiens habituels, ou de passage. Ces cultes intergénérationnels sont le lieu et l’occasion de vivre le culte autrement, de faire participer tout le monde, d’être nombreux aussi, souvent de 250 à 300 personnes.
Même si pour certaines personnes, nostalgiques du temps où il y avait un pasteur par village (ou presque), ces cultes les « privent » de leur culte dans leur village avec leur pasteur (vous comprenez que je suis plutôt pour qu’il y ait au moins ce culte de secteur…). La vie de notre Eglise a besoin de ces temps forts, car ces cultes touchent aussi d’autres personnes que nous ne voyons pas dans les cultes « ordinaires », ce sont ces jeunes familles, la tranche d’âge des 30-45 ans.
Pour vous parler aussi de l’accompagnement des familles, pour moi, c’est une expérience très enrichissante. C’est un bout de chemin parcouru ensemble, de la naissance des enfants pour les baptêmes des tout petits, à l’âge adulte pour les mariages, et passant par l’éveil et l’école biblique, le catéchisme et le groupe de jeunes. Il y a aussi les temps de partage biblique, du groupe des conteurs et conteuses biblique, du groupe Théovie, etc. Là aussi l’échange, les temps de parole et Parole partagés sont très agréables à vivre.
Et puis, il y a également les moments plus difficiles dans les accompagnements. Au moment des deuils, surtout quand la personne décède de manière brusque et violente. Au début j’appréhendais énormément, mais j’ai compris l’importance pour les familles d’être soutenues, écoutées et de pouvoir recevoir cette Parole de Consolation et d’Espérance : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle ».
Certain vous diront, pasteur c’est un emploi du temps sans bornes, ni limites, où la vie personnelle n’a plus de place. Moi je pense qu’il est toujours possible de trouver du temps pour soi, sa famille, ses amis. Si nous ne sommes pas attentifs à nous-mêmes, comment rester disponibles pour les autres ? Et puis dans le secteur où je suis, j’ai l’avantage de travailler en équipe avec mes collègues, ça demande du temps, mais c’est un plus pour moi d’avoir pu bénéficier de leur expérience et de pouvoir découvrir tous ces aspects du ministère pastoral avec leur soutien.
Etre pasteur, c’est un engagement qui vous fait vibrer de mille et une manières, c’est un choix que je ne regrette pas. Je m’épanouis dans ce que je fais, j’ai plaisir à faire ce que je fais et dans notre société je ne suis pas certaine que tout le monde puisse en dire autant.
Alors pasteur… pourquoi pas vous ?

Aurélie Dumas-Lairolle
pasteur de l’Ensemble « Entre Gardon et Vidourle », Cévennes-Languedoc-Roussillon

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Didier : de multiples chemins

Vous avez commencé des études de théologie. La Bible, la dogmatique, l’histoire de l’Eglise, la théologie pratique, tout cela vous passionne. Mais à côté de vos cours, vous faites de la musique, vous militez dans une association d’aide aux sans papiers, vous soutenez des actions de développement en Afrique.

didier-cruzetEt bientôt, pensez-vous, il vous faudra faire un choix. Car dans votre esprit, le ministère pastoral s’exerce forcément dans une paroisse, à plein temps, et suppose d’abandonner vos engagements extérieurs.
Puis vous rencontrez des pasteurs qui vous racontent leur vie de pasteur. Vous découvrez alors les multiples facettes du ministère.
Le premier vous dit : « Moi, j’ai toujours été en paroisse. J’ai beaucoup aimé la diversité des personnes et des activités : le culte, la catéchèse, les visites à domicile et à l’hôpital, les contacts avec la mairie et les associations, la vente au profit du Diaconat, l’accompagnement de migrants ».
Vous réfléchissez alors. Le ministère pastoral ne se réduirait donc pas aux seules activités bibliques et théologiques? Vous pourriez aussi faire du travail social ?
Un autre vous dit : « Et comment ! Moi, je suis pasteur dans une grande ville, nous sommes plusieurs collègues, et nous nous sommes répartis le travail. Chacun a une dominante dans son ministère. Moi, par exemple, je fais quasiment un mi-temps au diaconat. Un autre collègue est plus spécialisé dans l’animation jeunesse et il y met à profit ses talents de musicien. On est complémentaire, on partage nos soucis et nos joies, c’est vraiment super le travail en équipe. »
Tiens donc ! Vous pourriez être pasteur sans avoir à tout gérer tout seul ? Vous voilà rassurés, car cette perspective vous faisait un peu peur. Mais vous avez encore quelques craintes, en particulier celle de ne prêcher l’Evangile qu’à ceux qui le connaissent déjà, vous qui brûlez de le partager avec le plus grand nombre.
Un collègue de la Mission populaire évangélique se mêle à la conversation : « J’aurais pu mener des actions d’évangélisation avec l’Eglise locale, mais je voulais vivre l’Evangile dans le milieu populaire et dans les quartiers difficiles. A la Miss Pop, je peux confronter les textes bibliques avec la réalité des travailleurs précaires. Je travaille avec des musulmans et des non-croyants. Nous fêtons Noël aussi bien que la fin du Ramadan. C’est un travail à la fois pastoral, éducatif, militant. »
Un autre enchaîne : « Moi, j’ai eu la chance d’être envoyé outre-mer via le Defap, notre Service protestant de mission, pour être quelques années au service d’une Eglise membre de la Cevaa. J’ai découvert une autre manière de célébrer le culte, de vivre en communauté, de comprendre le monde. Cette expérience m’a rendu plus attentif aux réalités multiculturelles de notre Eglise en France ».
Un collègue responsable d’un journal régional vient partager avec vous sa passion de la communication. Et un autre vous parle longuement, avec délicatesse et profondeur, de son ministère d’aumônier des hôpitaux ou des prisons.
Vous voilà comblé. Vous craigniez de vous engager sur une voie trop bien balisée, et vous découvrez les multiples chemins du ministère pastoral. Alors en route !

Didier Crouzet
pasteur, Ancien secrétaire général de l’Eglise protestante unie de France

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